Processus d'engagement communautaire à Stung Treng, Cambodge
L'un des piliers du projet BCOMING est l'engagement avec des communautés qui vivent à proximité de zones où les risques zoonotiques sont élevés. Dans le cas du Cambodge, le risque zoonotique est lié aux populations de chauves-souris qui vivent dans des grottes à proximité du village de Sam'ang.
Certaines de ces colonies de chauves-souris sont porteuses du virus SARS-COV 2. Le travail avec les communautés sur le terrain est essentiel pour développer des solutions efficaces qui minimisent ou même éradiquent les risques zoonotiques, car les expériences passées ont montré que les solutions imposées d'en haut sont rarement efficaces.
Début mars, nous avons organisé le premier atelier de deux jours à Sam'ang, Stung Treng, Cambodge. 26 membres de la communauté de Sam'ang et des villages voisins y ont participé. Dans un premier temps, le projet BCOMING, ses objectifs et ses activités ont été présentés. Au cours de cette étape, la plupart des participants ont été surpris d'apprendre que les chauves-souris des grottes voisines sont porteuses du virus SARS-COV 2 et que ce virus a causé le COVID chez l'homme. Une discussion animée s'est engagée sur les modes d'infection possibles chez l'homme.
Dans un deuxième temps, l'équipe BCOMING, composée du Dr John Ward (MERFI), du Dr Alex Smajgl (MERFI) et de Chea Sokha (WCS), a mené un exercice de Modélisation Participative des Systèmes.
La cartographie participative des systèmes fait partie de la famille des outils d'analyse des
réseaux/systèmes axés sur la pratique et développés pour étudier et soutenir la planification et la gouvernance
intersectorielles de l'initiative One Health. C’est un outil de cartographie structuré et facilité qui aide les
participants à comprendre, visualiser, discuter et améliorer les situations dans lesquelles divers acteurs influencent
les résultats de One Health ou sont affectés par ses décisions.
La méthode de la cartographie participative adaptée a commencé par spécifier que le virus SARS-COV 2 était un
facteur central. Il a été demandé aux membres de la communauté quels seraient les impacts directs ou les réponses
directes.
Dans un premier temps, de petits groupes de participants communautaires ont discuté des principaux impacts et réponses de l'exposition à un virus zoonotique, documentés sur des notes jaunes autocollantes. Les notes ont ensuite été placées sur un tableau blanc et des notes similaires ont été discutées, clarifiées et combinées.
Dans une étape suivante, les participants ont été invités à réfléchir aux impacts résultant des points énumérés sur les notes jaunes et à documenter ces conséquences sur des notes roses.
On passe ainsi d'un impact de premier ordre (jaune) à un impact de second ordre (orange). Une fois les notes placées sur le tableau blanc et combinées, le processus a été répété pour les impacts de troisième ordre (les notes roses sur la dernière photo).
La combinaison des impacts de premier, deuxième et troisième ordre permet d'obtenir une carte
des systèmes de One Health, telle qu'elle est perçue par les communautés Sam'ang. Une telle carte des systèmes ouvre
une série de possibilités, notamment
- le développement d'une vision communautaire,
- l'analyse des croyances causales des membres de la communauté,
- l'analyse des effets d'entraînement possibles,
- l'identification des risques et des opportunités,
- l'identification de l'influence relative des différents groupes de parties prenantes,
- la définition de points d'interception, de stratégies et de plans d'action pour atténuer les risques.
La troisième étape s'est concentrée sur les stratégies que les membres de la communauté pourraient envisager pour atténuer les risques zoonotiques. Deux « stratégies » principales ont été identifiées. Premièrement, l'amélioration de la sensibilisation et de l'éducation (cases de couleur sarcelle dans la figure 1). Deuxièmement, la surveillance communautaire. L'atelier s'est terminé par la décomposition de la deuxième stratégie en actions spécifiques (en bas de la figure 1 en gris) et leur séquence la plus efficace, tout en incluant les noms des acteurs responsables.
La prochaine étape consistera à vérifier les convictions exprimées dans la carte des systèmes en les comparant aux preuves scientifiques. En outre, le plan d'action proposé sera testé dans un modèle basé sur des agents afin d'évaluer l'impact probable des actions proposées sur les risques zoonotiques existants. La modélisation nécessitera une série de données socio-économiques, en particulier des données comportementales et intentionnelles, afin de contextualiser le modèle à base d'agents et les interactions homme-environnement qu'il vise à simuler. Une enquête sera donc menée pour obtenir les données nécessaires auprès des villages concernés de Stung Treng. Les résultats de l'enquête et de la modélisation seront présentés aux communautés afin d'affiner ou de réviser les mesures d'atténuation des risques proposées.